Abstraction géométrique, abstraction lyrique…. L’Art Abstrait, qu’est-ce que c’est ?
L’Art Abstrait, sans forcément avoir été conceptualisé, existe depuis des temps immémoriaux. Au début du XXème siècle, il devient une forme artistique majeure. La peinture, qui jusqu’alors suscitait l’émotion par la représentation d’une réalité observable (portrait, paysages, scènes de genre) ou imaginée (scènes religieuses et mythologiques), va peu à peu s’affranchir d’une représentation jugée conforme au monde et explorer différents courants tels que l’expressionnisme, e fauvisme ou le cubisme. Il semble dès lors évident que l’on peut provoquer des émotions visuelles sans aucune figuration : l'art abstrait, expérience d'imagination visuelle pure, est né.
A l’origine de l’art abstrait : impressionnisme et cubisme
A la fin du XIXe jusqu’au début du XXe siècle, deux mouvements, apparus en réaction à l’académisme ambiant, émergent. Pour différents qu’ils soient, tous deux participent d’une même logique : se dégager de la réalité objective.
L’impressionnisme crée des représentations floues et éloignées de la réalité. Elles restent cependant reconnaissables : l’impressionnisme est un art figuratif mettant l’accent sur l’éphémère, le mouvement, la lumière. Le dessin passe au second plan, au profit de la couleur.
Le cubisme crée lui-aussi des représentations de la réalité, mais il la déconstruit et la géométrise. L’idée d’une représentation objective de la vie réelle s’éloigne encore davantage Les points de vue sur cette réalité se démultiplient et offrent une conceptuelle de cette dernière.
A la même période, les développements de la science (apparition de la physique quantique, théorie de la relativité) questionnent la notion même de réalité. Les années 1910 marquent un tournant. L’art abstrait va se saisir de la question et remettre en cause la représentation du réel pour totalement s’en affranchir et proposer une forme d’art en phase avec ces nouveaux développements.
Précurseur, Kandinsky va commencer à théoriser le mouvement abstrait. La représentation de la réalité devient secondaire, voire antagoniste à la création artistique, qui doit avant tout reposer sur l’utilisation brute de formes et de couleurs.
A la même période, Paul Klee développe sa propre théorie. L’art ne représente pas le visible, mais permet de le « rendre visible ». Ses peintures abstraites s’appuient également sur des éléments figuratifs reconnaissables.
L’art abstrait est né. Il va bientôt se subdiviser en deux grandes tendances : l’abstraction géométrique et l’abstraction lyrique.
L’abstraction géométrique
Dans ce mouvement, l’artiste crée grâce à deux principaux moyens d’expression, la ligne et la couleur, et forme une image grâce à des formes géométriques simples, sur un plan bidimensionnel. La création se fonde uniquement sur cette dualité originelle immuable. Il s’affranchit totalement des objets ou des sujets du monde naturel. Les couleurs, les formes sont choisies pour elles-mêmes.
Selon le groupe de pensée duquel se revendique l’artiste, les contraintes qu’il se fixe pour créer varient. Il répond à une doctrine qui impose des règles à chacun de ses membres. L’appartenance au groupe considéré repose sur le respect de ces contraintes formelles.
Par exemple, le groupe néerlandais De Stijl, à sa création en 1917, n'admet à sa création en 1917 que la ligne droite, l'angle droit, les verticales et les horizontales (la ligne oblique est proscrite).
Kandinsky, Mondrian, et de façon encore plus radicale Malevitch et son art dit « suprématiste » sont les pionniers de l’abstraction géométrique. Ce mouvement va également donner naissance au constructivisme en Russie (la peinture constitue le travail préparatoire à une réalisation en 3 dimensions à l’aide de divers matériaux) et, en France avec les époux Delaunay, à l’orphisme, où des formes géométriques et des couleurs vives et contrastantes sont associées, sans règles préétablies, pour figurer mouvement et lumière.
L’abstraction lyrique
En opposition avec les approches dogmatiques de l’abstraction géométrique, et plus tardive, l’abstraction lyrique revendique pour l’artiste une liberté totale. L’expressivité, l’intuition et la spontanéité y règnent, et le recours à la couleur prend le dessus sur l’utilisation des formes.
Miró, par exemple, refuse toute théorie sur l'art et se tient à l’écart de tout courant. Dès 1925, ses étonnantes productions fondées sur sa fascination pour le subconscient et la profusion des signes et symboles font de lui un précurseur de l’abstraction lyrique, mouvement qui dominera largement la seconde moitié du XXème siècle.
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