Charles Lapicque, un artiste majeur de l’Art Moderne dont l’influence dépasse largement la notoriété

En 1961, André Breton déclarait qu’il était « parmi les dis plus importants artistes vivants ». Scientifique, peintre et graveur, musicien et chanteur, résistant et Juste…. Reconnu et admiré de son vivant, il semble aujourd’hui un peu oublié. Mais qui était Charles Lapicque ?

3/4/20243 min read

Charles Lapicque, artiste et scientifique

Né en 1998, Charles Lapicque suit une formation d’ingénieur à l’École centrale des arts et manufactures de Paris. A partir de 1920, il pratique la peinture en autodidacte et sera rapidement repéré par Jeanne Bucher, qui lui proposera de devenir l’un des artistes de sa célèbre galerie. En 1928 il abandonne sa carrière d’ingénieur et prépare sa première exposition à la Galerie Jeanne Bucher, qui aura lieu en 1929

Après avoir repris ses études, il obtient une licence en sciences physiques et entame une thèse qui portera sur le fonctionnement de l’œil humain sur les couleurs. Il entre ensuite à l'École supérieure d'optique, dont il sort ingénieur-opticien diplômé en 1934, afin d’approfondir ses connaissances. Lapicque soutient sa thèse de doctorat en 1938. Son sujet : « L'optique de l'œil et la vision des contours »

Lapicque s’intéresse à la façon dont les couleurs peuvent être utilisées pour créer une illusion de spatialité dans les compositions. Ses recherches sur la perception des couleurs l’amènent à élaborer une théorie nouvelle. Il formalise ainsi que les couleurs chaudes et les couleurs froides pouvaient être utilisées pour suggérer une profondeur dans l'espace pictural. Les couleurs froides constitueraient celles du « proche », les chaudes celles du « lointain », contrairement à ce que l’on tenait alors pour acquis. En 1935, il présentera différentes communications aux réunions de l'Institut d'optique, dont « Le rouge et le bleu dans les Arts ».

Une fois démobilisé, la période d’occupation s’avère pour lui prolixe. Il participe ainsi à différentes expositions :

  • 1941 : exposition des « Vingt jeunes peintres de tradition française », première manifestation de la peinture d'avant-garde sous l'Occupation (pour rappel, à la même période, les nazis sont en lutte avec « l'art dégénéré »).

  • 1943 : exposition « Douze peintres d'aujourd'hui » à la Galerie de France à 14

  • 1946 : exposition « Bazaine, Estève, Lapicque » à la Galerie Louis Carré.

En 1961, il donne une conférence, Présence et peinture, lors de laquelle il explique : « De longues études d'ordre scientifique me conduisirent à considérer le rouge, l'orangé et le jaune comme des couleurs toujours prêtes à s'éclaircir, à se faire plus lumineuses et le bleu, au contraire, comme une couleur fatalement destinée à s'assombrir, à paraître plus noire. Il en résultait un avantage certain à figurer par du bleu les corps solides, pesants et rapprochés et à réserver le rouge, l'orangé ou le jaune aux corps lumineux ou lointains, tel que le ciel ».

Une influence majeure sur l’art moderne du XXème siècle

Bien que Charles Lapicque, rattaché à la nouvelle école de Paris dont il sera sans nul doute l’un des artistes les plus influents (les œuvres réalisées de 1939 à 1953 furent de véritables manifestes de la peinture non figurative), il est rapidement revenu à une approche figurative. Il dira lui-même vouloir « rendre l'abstrait figuratif ».

Une influence majeure sur la nouvelle école de Paris

« Lapicque était un cas un peu spécial, très important à mon avis dans le groupe. Il l'a influencé, en ce sens que nous étions un peu écrasés par la génération qui nous précédait. (...) Nous avons ensuite tous fait notre propre chemin mais Lapicque a été celui qui nous a permis de gagner du temps, il a amené une discussion », devait ainsi déclarer Alfred Manessier, autre Maître de la nouvelle école de Paris.

Une influence déterminante sur la Nouvelle Figuration puis la Figuration Narrative

Par son abandon précoce de l’abstraction, dès les années 40, au profit d’une figuration revisitée, Lapicque anticipe le mouvement qui deviendra la Nouvelle Figuration, apparue en réaction à l’hégémonie de l’Art Abstrait dans la première moitié du XXème siècle et de la Figuration Narrative qui s’oppose à la double émergence du Pop Art et du Nouveau Réalisme.

Une influence indéniable sur le Pop Art et la Figuration Libre

L’utilisation de couleurs vives, comme directement sorties du tube, d’aplats ouvre déjà la porte au Pop Art. Mais dès 1949, il va plus loin : dans l’étonnant « Bataille de Waterloo », il intègre une bulle grossissante via la longue vue de Napoléon, sur un mode BD.

Et s’il est l'initiateur du retour à la figuration, son influence se fera sentir jusqu’à la Figuration Libre. Hervé Di Rosa, encore aujourd’hui, se réclame de son héritage et la filiation de Robert Combas apparait aujourd'hui comme une évidence.

Son œuvre complexe est pourtant accessible au plus grand nombre. Ses choix coloriels exubérants, les thématiques abordées, ses compositions foisonnantes, ses perspectives uniques le rendent à la fois reconnaissable et lisible au premier coup d’œil

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