
Gaston André (1884-1970). "Busard et butor". Huile sur parchemin (réunion de 12 panneaux). 80 x 125 cm.
" Mon nom est celui d'un oiseau migrateur. Un peu difficile à porter parce que le butor est très décrié. Autrefois, c'était une insulte terrible. " Michel Butor.
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Ce qui nous a plu
Ce busard chassant un butor, sous ses aspects naturalistes, est d'une étonnante sophistication, typique de l'esthétique Art Déco. Par le support utilisé d'abord : 12 panneaux de parchemin, c'est-à-dire une peau animale qui a été épurée, tendue, raclée, étirée, séchée puis amincie pour servir de support à l'écriture, au dessin ou à la peinture. Mais aussi par son apparent réalisme qui s'appuie pourtant sur des lignes nettes, une simplification et une géométrisation des formes, de subtils camaïeux de beiges et bleus et le recours à la dorure. On sent que ça va mal finir. Le busard, le regard perçant et la griffe prête à claquer, fonce comme une mise en demeure sur un butor qui, lui, lève l’aile avec l’élégance désespérée d’un acteur de Kabuki pris en flagrant délit de baignade. L’eau clapote, les roseaux se dressent comme des témoins gênés, et les nénuphars, eux, ont renoncé à intervenir. La mise en scène est théâtrale, tendue, presque opératique : du Hitchcock version ornithologie. Ce combat d’oiseaux, figé sur parchemin, a l’allure d’une tapisserie de jungle civilisée. On s’attendrait presque à ce qu’un jaguar Art Déco surgisse du cadre.
Ce que l'on sait de l'artiste
Gaston André (1884–1970) est un peintre et décorateur français dont le parcours illustre parfaitement la transition entre les fastes de l’Art Nouveau et l’efficience stylisée de l’Art Déco. Élève aux Arts Décoratifs, il perfectionne sa pratique dans l’atelier de Louis d’Arretche, s’imprégnant d’une culture de l’élégance fonctionnelle. Sa carrière s’affirme dans les années 1930, lorsqu’il devient un acteur reconnu de la scène décorative française : entre 1932 et 1947, il expose au Salon de la Société des Artistes Décorateurs, collaborant notamment avec le sculpteur Gustave Miklos en 1938 — figure centrale du mouvement Art Déco.
Son talent s’exprime dans de nombreux projets d’architecture intérieure, souvent prestigieux, dont la salle du Conseil d’Administration de St-Raphaël-Quinquina, ou encore le salon de l’hôtel Ambassador à Paris. Ses œuvres combinent raffinement graphique et richesse ornementale, en particulier ses panneaux décoratifs aux fonds dorés ou argentés, comme en témoigne la vente hommage "La Folle Époque, Gaston André" (13 juin 1977, Drouot, Maître Claude Robert). Cette huile sur parchemin réunissant douze panneaux en est un exemple saisissant : mise en scène dramatique, chromatisme subtil, naturalisme stylisé — une tension maîtrisée entre nature et décor, entre peinture de genre et œuvre d’apparat. La peinture animalière de Gaston André, précise et délicate, est reconnaissable au premier coup d'œil. Une patte qu'il aura davantage de mal à imposer dans ses paysages, ses scènes de genre ou d'opérette qui souvent frisent le kitsch. La sobriété de la caisse américaine noire dont nous l'avons encadré souligne discrètement le raffinement du tableau.
Etat : quelques tâches et accidents.
Encadrement : caisse américaine noire.
Il est des tableaux qui refusent catégoriquement de se plier aux règles postales. Celui-ci préfère le contact humain à celui du carton : retrait à la galerie ou convoyage par transporteur délicat, devis à la clef.