Non signé. Huile sur panneau.

Ce tableau abstrait se présente comme une énigme, un espace de projection où le regard hésite entre plusieurs lectures. Au centre de la composition, des formes allongées, charnelles, presque organiques, s’entrelacent dans une palette d'oranges profonds, d’ocre, de bruns et de noirs. Elles évoquent tour à tour des lèvres entrouvertes, des corps stylisés ou des silhouettes de poissons pris dans un mouvement lent, comme suspendus dans une matière dense.

La richesse de la texture joue ici un rôle essentiel. La surface semble travaillée par strates, griffures et empâtements, donnant à la couleur une présence presque tactile. Cette matérialité renforce l’ambiguïté du motif : rien n’est lisse ni définitif, tout paraît en transformation, comme si la forme cherchait encore son identité. L’absence de signature et de titre accentue cette liberté d’interprétation, laissant l’œuvre exister hors de toute narration imposée.

Particularité notable, on ne sait si la composition fonctionne mieux verticalement ou horizontalement. En position verticale, elle prend une dimension presque totémique, rappelant une figure dressée, primitive et symbolique. Placée horizontalement, elle se rapproche davantage d’un paysage intérieur, d’un flux organique ou aquatique, où les formes semblent dériver et se répondre.

Accrochée sur un mur de pierre ou dans un espace épuré, on la verrait dialoguer avec des matières brutes : bois sombre, métal patiné, textiles naturels. Le tableau cherche davantage à être regardé qu'à être compris. Il rappelle que l’art abstrait, lorsqu’il assume le doute et l’indétermination, devient un terrain de liberté pour celui qui l’accueille.