L’art pompier, qu’est-ce que c’est ?

L'art pompier en peinture est un terme utilisé pour désigner un style artistique associé à la fin du XIXème siècle en France, caractérisé par des œuvres académiques, souvent grandioses et dramatiques, avec des sujets historiques, mythologiques ou religieux, et une exécution technique soignée mais décrite comme dépourvue d'originalité ou de profondeur émotionnelle.

2/14/20245 min read

L’art pompier : un terme péjoratif pour un mouvement qui a dominé le XIXème siècle

L'expression « art pompier » est apparue au milieu du XIXème siècle en France, sans qu’on puisse déterminer les conditions de son apparition avec précision. Elle était utilisée par certains critiques d'art, artistes et intellectuels contemporains de l'époque, de manière péjorative, pour décrire un style artistique jugé conventionnel, académique, pompeux et dépourvu d’innovation. Une façon de valoriser par contraste les mouvements artistiques émergents, par la critique du conservatisme et de la conventionnalité des œuvres présentées lors des Salons officiels, jugées conformistes, maniérées ou excessivement dramatiques.

Pour grossir le trait, deux tendances s’opposent au XIXème siècle sur la scène artistique :

  • Les « pompieristes », à la maîtrise technique pointue, qui peignent très bien des sujets sans intérêt, de façon exagérément dramatique. des "drama queens" en quelque sorte.

  • Les impressionnistes et autres écoles novatrices de l’époque, qui peignent « à l’arrache » mais avec une approche jugée intellectuellement fascinante et novatrice.

Il n'existe pas vraiment d'équivalent non péjoratif pour l'expression « art pompier », qui est devenue indissociable de la critique de ce style artistique particulier. Cependant, des termes tels que « art académique », « art conventionnel » ou « art néoclassique » décrivent ce style d'une manière plus neutre. Ces termes mettent l'accent sur le style et les techniques utilisées plutôt que sur une connotation négative.

Les représentants de l'art pompier incluent des artistes tels que William-Adolphe Bouguereau, Alexandre Cabanel, Jean-Léon Gérôme, et Ernest Meissonier, entre autres.

L’art pompier : un style en accord avec les valeurs de l’époque

À l'époque, l'art pompier est perçu positivement par le grand public et les institutions officielles. Il reflète les valeurs morales et esthétiques de l'époque, et était largement présenté et récompensé lors des Salons officiels. Les qualités des artistes « pompier » résidaient souvent dans leur maîtrise technique exceptionnelle, leur capacité à créer des compositions grandioses et leur talent pour représenter des détails minutieux.

Le rôle crucial des Salons au XIXème siècle

Les salons de l'époque, tels que le Salon de Paris, jouent un rôle crucial dans la promotion et la reconnaissance de l'art pompier : c’est là que les artistes exposent leurs œuvres et obtiennent la reconnaissance officielle de la critique et du public.

La création du Salon des Refusés est un événement important dans l'histoire de l'art du 19e siècle en France. Ce salon a été créé en 1863 à Paris par l'initiative de Napoléon III en réponse à la controverse entourant la sélection des œuvres pour le Salon officiel, connu sous le nom de Salon de Paris.

À cette époque, le Salon de Paris était la principale exposition d'art en France, et être accepté pour y exposer était considéré comme une reconnaissance officielle de la qualité artistique. Cependant, en 1863, le jury du Salon rejeta un nombre considérable d'œuvres, ce qui suscita des protestations de la part des artistes exclus.

En réponse à ces protestations, Napoléon III décida de créer le Salon des Refusés, où les œuvres rejetées du Salon officiel pouvaient être exposées. Cette décision a été perçue comme un geste de soutien envers les artistes non conformistes et a contribué à ouvrir le champ des possibilités artistiques en permettant à des œuvres jugées radicales ou controversées d'être exposées au public.

En fin de compte, la promotion du Salon des Refusés s’est faite via le dénigrement du Salon de Paris et des artistes qui y étaient exposés. Et l’expression « art pompier » fait florès.

Le Salon des Refusés de 1863 a eu un impact significatif sur le développement de l'art moderne en ouvrant la voie à des formes d'expression artistique plus diverses et innovantes. Il est particulièrement célèbre pour avoir exposé des œuvres telles que "Le Déjeuner sur l'herbe" d'Édouard Manet et "L'Origine du monde" de Gustave Courbet, qui ont été vivement critiquées mais ont également marqué le début de mouvements artistiques novateurs tels que l'impressionnisme et le réalisme.

L’art pompier en voie de réhabilitation ?

Si de nos jours, l'art pompier peut être encore perçu de manière négative, exemple d'académisme excessif et dépassé, il existe un réel regain d’intérêt pour ces œuvres en tant que témoignages historiques de l'esthétique et des valeurs de l'époque.

Récemment, il y a eu un certain réexamen et une réévaluation de certains aspects de l'art pompier. L’une de ses expression, l’orientalisme, exerce aujourd’hui un fort attrait. Certaines expositions et publications ont revisité cette période artistique avec un regard plus objectif, mettant en lumière la qualité technique des œuvres et leur importance dans l'histoire de l'art. De plus, certains collectionneurs et institutions commencent à réévaluer ces œuvres et à les inclure dans leurs collections permanentes ou leurs expositions temporaires.

Certains des meilleurs musées, notamment ceux mettant en exergue la peinture du XIXème siècle, le réhabilitent, d’une certaine manière. On peut citer :

  • Le Musée d'Orsay, qui possède une collection impressionnante d'art français du 19e siècle, y compris des œuvres d'artistes associés à l'art pompier tels que William-Adolphe Bouguereau et Alexandre Cabanel.

  • Le Musée des Beaux-Arts de Lyon abrite une importante collection d'œuvres du 19e siècle français, comprenant des exemples d'art pompier par des artistes comme Jean-Léon Gérôme.

  • Le Musée d'Art de São Paulo (MASP) possède une collection diversifiée d'art européen, y compris des exemples d'art pompier.

  • Le Metropolitan Museum of Art (Met) propose une large sélection d'œuvres du 19e siècle, dont des tableaux de William-Adolphe Bouguereau et Jean-Léon Gérôme.

  • Le Musée des Beaux-Arts de Montréal présente une collection variée d'œuvres d'art européen, comprenant également des exemples d'art pompier.

  • Le Musée Fabre à Montpellier abrite une collection significative d'œuvres d'artistes français du 19e siècle, incluant des représentations de l'art pompier.

  • Le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux possède une collection importante d'art français du 19e siècle, comprenant des œuvres d'artistes pompier comme William-Adolphe Bouguereau.

L’art pompier à la Galerie du Pollet : Edouard Bisson

Édouard Bisson est un peintre français associé à l'art pompier, connu pour ses scènes historiques, mythologiques et religieuses, ainsi que pour ses portraits. Bien qu’aujourd’hui considéré comme un représentant typique de l'art pompier, son travail est apprécié pour sa technique et sa maîtrise.

Certaines de ses œuvres atteignent des prix élevés dans des ventes aux enchères comme sur le marché secondaire.

Si l'art pompier continue de susciter des débats et des opinions divergentes parmi les critiques et amateurs d'art, on commence à être plus objectif sur son importance historique et son influence sur le développement ultérieur de l'art.

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